Goepfert Alain est né le 8 Avril 1948 à Paris, tout jeune il parcourt avec son Père les allées des Puces de Saint-Ouen ou autres, qui semblent à ses yeux d’enfant un vaste musée à ciel ouvert. Moments privilégiés où ce père lui transmet ses valeurs de tolérance, d’anticonformisme et surtout d’indépendance. Ces lieux et ces moments furent pour lui sa première école, école de la vie où l’on trouve le tout et le rien, la seule école aussi dont il gardera un bon souvenir, car par malheur, ces valeurs acquises sont souvent sujettes au dogmatisme de ce monde. De son coté, sa Mère qui a beaucoup plus les pieds sur terre, lui apprend à lire et écrire.
Alors qu’il a huit ans, la famille quitte le douzième arrondissement, quartier de sa naissance, pour une banlieue à la porte de Paris. Périphérie de l’Est-Parisien où à l’époque les jardins maraîchers existent encore. L’élève discipliné se métamorphose et on le voit plus souvent faire l’école buissonnière que fréquenter la communale, carnet à croquis et crayon à la main il arpente les vergers où il faut souvent courir pour échapper aux policiers qui traquent les gamins de son acabit, qu’importe, il est jeune et a de bonnes jambes, jamais ils ne l’attraperont.
Neuf ans ses Grands-parents lui offrent ses premières peintures à l’huile, quelle découverte ! Quelle merveille ! Et tant pis s’il n’y a pas toutes les couleurs, il se lance dans de savants mélanges et obtient celles qu’il désire.
A dix ans en 1958 l’école l’ennuie de plus en plus et si la semaine il ne prête que peu d’intérêt à ses livres de cours, en revanche il passe ses dimanches avec sa sœur Claude à courir les bouquinistes des quais de Seine, dans l’espoir de dénicher des ouvrages sur les arts, des écrits sur Van Gogh, De Vlaminck, Utrillo et autres sont ses premiers livres de chevet.
Treize ans, Alain pratique l’école-buissonnière permanente, mais s’assure que son Cadet Patrick entre bien en classe, il ne s’agit pas qu’il emprunte la même voie que lui.
Quatorze ans, Alain entre dans la vie active et exerce une multitude de petits boulots qui n’ont pour seul attrait que de lui permettre d’acheter des fournitures pour artistes, seulement son argent de poche ne suffit pas toujours, il va alors sur les décharges publiques où il découpe de la toile sur de vieux sommiers afin de la laver puis de l’apprêter dans le but de peindre dessus.
En 1964, à 16 ans il prend de l’audace et ose enfin faire ce qui l’effrayait les deux années précédentes, il présente une de ses toiles dans un salon, c’est sa première exposition, d’autres suivront.
Janvier 1967, il fait froid dans l’atelier qu’Alain squattérise Avenue Stalingrad à Bagnolet, alors, pour ne pas que sa Muse et douce amie Eve ne frissonne, il n’hésite pas à brûler dans le vieux poêle à bois des œuvres lui paraissant mineures, mais Eve rêve de Robe Blanche et de Pouponnage, aussi pour convaincre Alain de la conduire devant Monsieur le Maire elle fait appel à son Oncle, Prêtre obscur d’une Paroisse obscure qui tient un discours des plus austère « Abandonne ce métier de crève la faim, trouves une situation stable et honnête pour subvenir à la famille que tu vas fonder après avoir épousé Eve » Alain écoute ce Philistin qui se refuse le droit de s’émerveiller devant le galbe d’un sein ou la courbe d’une fesse, lui demander de briser ses pinceaux. Se lier à cette famille de Béotiens qui semble ignorer que même au Vatican la majorité des chefs-d’œuvre a été créé par ce qu’ils appellent des « crèves la faim » JAMAIS ! Alain se saisit d’une valise y met les tenues d’Eve puis confie Valise et Nièce au Tonton afin qu’il rapporte le tout chez Maman.
Comme soudain Alain trouve qu’il fait effectivement froid, il charge quelques affaires dans son vieux cabriolet Nash et par au hasard vers le sud ne s’arrêtant pas avant Isla-Cristina en Andalousie où il trouve à se loger chez l’habitant.
En septembre, de retour à Bagnolet il apprend que les Gendarmes le recherchent, à Paris sur les lieux de sa prime enfance, à Arpajon chez ses Grands-Parents Maternels, puis chez ses Parents qui comme chaque année en cette période ne sont pas chez eux et de nouveau chez ses Grands-Parents. Sans courrier officiel et personne pour le renseigner, Alain se demande pourquoi ce déploiement qu’aucun ne peut lui expliquer car si l’on sait depuis toujours que ces braves Pandores aiment que leur interlocuteur soit bavard en revanche eux sont d’un tempérament peu loquasse et n’ont donné aucune raison à ce branle-bas de combat, donc, il ne reste qu’une solution à Alain, aller chez ces gens de la maréchaussée afin de connaître la raison de ce soudain intérêt pour sa personne. A la gendarmerie, l’officier ayant enregistré sa requête le fait patienter en le regardant d’un œil aussi avenant que celui d’un molosse défendant son os. Enfin, au bout d’une éternité, on lui explique le pourquoi du comment « Depuis février il est recherché simplement parce qu’ il a omis de se faire recenser et de ce fait est considéré comme insoumis et apte d’office, non excusé aux regards des armées, il reste cependant une petite formalité, passer devant le conseil de réforme qui jugera de son aptitude » Alain ressort du bâtiment déconfit voir anéanti car d’après le Bricard qu’il l’a reçu « il va passer devant le conseil et vu sa bonne mine (il est bronzé) il va partir directement vers le lieu de casernement qui lui sera affecté ».
Le matin du 28 octobre, le cœur plus lourd que la valise qu’il tient à la main, Alain entre à la caserne de Vincennes.
Le 30 octobre en fin d’après-midi, des oiseaux dans la tête et du soleil au cœur il ressort de la caserne de Vincennes avec en poche son certificat de réformé définitif n° 2, une simple conversation avec le psychiatre du conseil de réforme a dénoué la situation (entre fous on se comprend).
En poussant la porte de son atelier Alain réalise immédiatement que Lizbeth, la jeune anglaise avec qui il est rentré d’Espagne n’est plus là, ainsi que les trois toiles qu’il a faites d’elle. Peu importe, les tableaux, il avait prévu de les lui donner en cadeau de rupture aujourd’hui ou demain. Puisque Lizbeth a préféré hier, très bien. Libéré deux fois le même jour, faites péter le champagne.
Mai 68, Alain a juste 20 ans et comme tout jeune de cet âge, il rêve de refaire le monde, c’est pourquoi il trouve normal de se rendre au Quartier-Latin afin de converser avec ces jeunes jeteurs de pavés ou de slogans. Mais après plusieurs heures de discutions enflammées il se les imagine dans une vingtaine d’années, mieux il les voit : professeurs, fonctionnaires, chefs d’entreprises, politicards, médecins, juristes, banquiers, notaires… en bref, bourgeois reprochant à leur progéniture d’avoir des idées subversives qui pourraient mettre à mal cette belle société qui est la leur. Alain sait maintenant que ce brûlot de printemps ne mettra pas fin à la lutte des classes ou des générations. Rue Gay-Lussac, quelle merveille, elle est là, face à lui, les yeux bleus le teint mat, il l’aborde et en quelques minutes il sait qu’elle se nomme Alice, qu’elle est née en Bretagne, que sa Maman est Antillaise, son Papa Hollandais et qu’elle vient de Nanterre avec des amies pour ériger une barricade. Et pour le reste…, il se l’imagine Alors que les lacrymogènes commencent à les faire pleurer Alain lui propose de venir à son atelier, elle accepte… donc…, Peace and Love et aux vents la révolution.
A la rentrée universitaire elle retourne à ses études laissant à Alain de merveilleux souvenirs et un goût de Ti-Punch sur les lèvres.
En1972 il entre à L’Ecole Nationale Supérieure Des Beaux-Arts De Paris, après avoir été reçu au concours. Mais on a beau être une école d’arts, on est néanmoins une école et les vieux démons d’Alain resurgissent, il fera donc quelques brèves apparitions en ces murs, puis refermera sa boite de crayons et ni remettra plus les pieds.
Peu de temps après, le bâtiment où son atelier se situe ayant été frappé d’alignement est démoli. Alain décide alors de sillonner La France puis L’Espagne, Le Portugal, L’Italie, La Yougoslavie, La Grèce. Son frère Patrick le rejoint parfois dans son périple et Alain rentre de temps à autre aux Lilas chez ses Parents afin de se ressourcer auprès des siens. Pour poursuivre sa route, Alain vend durant cette période son travail aux touristes et parfois aux autochtones.
En 1980, un tournant va s’opérer dans son travail, lui qui privilégiait le paysage à la nature morte va inverser le courant et cela simplement pour avoir aidé son frère Patrick à remballer son stand de brocante un dimanche soir aux Puces de Montreuil, car de voir tous les objets abandonnés sur le sol par d’autres chineurs lui ouvre une sorte de poésie picturale dans le cœur : théières cassées, vases en cristal ébréchés, vieux jouets abimés, si la place dans le coffre de sa voiture n’avait manquée, il aurait bien tout emporté. Le besoin de représenter ces objets jetés au rebut s’impose tant dans son esprit qu’il lui semble évident pour cela de s’orienter vers la nature morte en trompe l’œil, (qui de l’avis de beaucoup d’amateurs d’arts n’est pas une erreur).
Alain ayant décidé depuis peu de rester définitivement en France, et n’ayant pas encore trouvé où se réinstaller, Patrick lui propose de poser ses pinceaux dans l’atelier qu’il s’est aménagé à l’étage de sa boutique de broc, la place étant nettement suffisante pour qu’ils ne s’y cognent pas les coudes.
En 1985, son installation à la campagne ne lui fait pas oublier ses racines et fréquemment, il monte à Paris, où là, durant des heures, voir des jours, en parfaite osmose avec la pollution, il s’éclipse dans « Sa Ville ». De retour à son atelier, il s’installe alors devant son chevalet afin de réaliser un paysage de « Sa Ville » avant de reprendre ses créations en Trompe-l’œil, car bien que son travail soit maintenant axé sur la Nature-Morte, il ne peut imaginer d’arrêter de peindre « Son Paris ».
En février 2013, suite à une hospitalisation en urgence le diagnostic tombe tel un couperet « cancer du poumon en phase avancée », son étonnement est total car hormis une petite toux qu’il traine depuis plusieurs mois rien n’a pu lui faire envisager cela. Alors, en sortant de l’hôpital quelques jours plus tard et malgré le tremblement de terre qui vient de l’ébranler, il s’attelle avec bonne humeur, à peindre non pas un, mais deux Trompe-l’œil simultanément « Le temps presse si je veux vider mon carnet à idées » dit-il.
A la fin novembre 2013 très fatigué par la maladie et les soins, il apprend que les traitements n’ont pas eu d’effet positif et que son cancer a progressé de façon irrémédiable.
Le 22 décembre 2013, Alain Goepfert Peintre du Trompe-l’œil, nous quitte laissant derrière lui une œuvre remarquable, mais malheureusement inachevée.

Bien que son tempérament réservé a fait que volontairement et même parfois involontairement il se soit souvent tenu à l’écart des manifestations artistiques, c’était avec irrégularité mais toujours avec autant de plaisir, qu’il participait à des Salons, où des peintres, tels Henri Cadiou, Jacques Poirier, Pierre Gilou l’ont remarqué et invité à participer à des expositions. C’est d’ailleurs en exposant de temps à autre avec le groupe Trompe L’œil et Réalité fondé par Henri Cadiou qu’il rencontra d’autres Maitres de la discipline comme : Paolo Intini, Pierre Ducordeau, Claude Yvel, Guy-Christian Canat, Daniel Solnon, Elena et Michel Gran, Jean Ferry, Richard Gautier, Jean Malice, Paul Magendie et bien qu’il fût évident que pour la majorité d’entre eux son caractère et sa manière d’être étaient une énigme, il ne faisait de doute qu’il était reconnu par ses pairs et qu’une sympathie réciproque s’était établie.

Sa démarche artistique lui valut d’être diplômé de la Fédération Nationale de la Culture Française et nommé Commandeur Académique à la section Art de l’Académie Internationale "Greci-Marino" Accadémia del Verbano. Une de ses œuvres (Les joubarbes) fait partie de la collection du Musée Girodet à Montargis, France.


Salon de Montreuil. France
Salon des Indépendants. Paris. France (Sociétaire)
Salon de Mante la Jolie. France
Salon des Artiste Français. Paris. France
Salon d’Automne. Paris. France (Sociétaire)
Salon du Lys, Meulin. France
L’art contemporain France Washington, USA.
Salon de Montmorency. France
Centre National Art et technologie. Reims. France
Salon Comparaison. Paris. France
Salon Iris. Ozoir-la-Ferrière. France
Biennal de Nevers
Museum im Schafstall. Neuenstadt-am-Kocher. Allemagne

Galerie Les Vieux Murs. Saint Jean de Monts. France
Galerie Art Expo. Paris. France
Galerie Caplain Matignon. Paris. France
Galerie Saint Hubert. Lyon. France
Galerie Michelle Boulet. Paris. France
Galerie Harmonies. Tours. France
Galerie Harmonies. La Baule. France
Galerie Métamorphose. Montargis. France
Galerie Alain Daune. Paris. France
Galerie Utrecht. Hollande.
Galerie Terre des Arts. France

Il est fait mention de son travail dans différents ouvrages sur l’Art.
L’histoire du Salon des Indépendants, Editions Denoël, 1985.
Quand l’Art du vingtième siècle était conçu par des inconnus, Editions Arts et Images du Monde, 1992. Le triomphe du trompe l’œil par Jean Monneret, Editions Menges, 1993. Les Maitres du Réalisme par Martin Monestier, Editions Menges, 1993. Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. (E. Bénézit). Catalogue raisonné du Salon des Indépendants, 2000.

Parutions dans des magazines, dont : L’Amateur d’Art, La cote des Arts, L’évènement du jeudi, Art actualité magazine (couverture Juillet et Août 1991), Arts et Valeurs. Interview sur RCF Nièvre. Etc.





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Alain Goepfert en 1996
Biographie
Alain Goepfert
Paris 1948 - Amilly (Loiret) 2013
Peintre du Trompe-l'œil de chevalet
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